Il ne faut pas privatiser la Fabrique nationale

 

On parle de plus en plus, ces dernières semaines, de privatiser la Fabrique nationale (FN) de Herstal, en alléguant qu'il ne serait pas « éthique » de vendre des armes à l'Arabie Saoudite et au Qatar.

 

Éthique ?

 

Le lecteur attentif percevra tout de suite l'ineptie, pour ne pas dire la spéciosité, de ce prétexte. Cependant, celui-ci est tellement rabâché par les médias dominants qu'il en finit, à force de répétition, par devenir ce qu'il serait de bon ton de croire.

 

Remarquons tout d'abord que rien n'oblige la FN à vendre de l'armement à tel ou tel pays. Il est parfaitement possible qu'une entreprise choisisse de ne pas conclure une vente avec quelque client que ce soit, par exemple un pays. C'est, de toute évidence, en particulier vrai pour une entreprise qui est nationalisée, comme l'est la FN. En effet, celle-ci est contrôlée à 100 % par la Région wallonne.

 

L'armement, un secteur économique en pleine croissance

 

Ensuite, ce serait une aberration économique de vendre une entreprise florissante dont l'activité est dans un secteur en pleine croissance ! En effet, les ventes d'armement sont à la hausse au niveau mondial. Ce fait bien connu est confirmé, entre autres, par le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute : l'Institut International de Recherche pour la Paix basé à Stockholm) qui a publié un rapport en 2015 qui précise que « Le volume des transferts internationaux d’armes majeures s’est élevé de 16 % durant la période 2010-2014 par rapport à la période 2005-2009. ».

De plus, cette demande, qui est déjà à la hausse, va croître d'autant plus que les États-Unis d'Amérique commencent à se trouver à cours de diverses munitions. À force de mener tant d'opérations militaires, et en particulier tant de bombardements, en tellement d'endroits de la planète, cela n'est pas vraiment étonnant. Cette information est amplement confirmée par la presse comme par exemple par le Daily Mail, qui est le vingtième journal le plus vendu au monde, ou encore par le quotidien états-unien USA Today qui est le journal le plus diffusé aux États-Unis d'Amérique. C'est ce qu'affirme un de ses récents articles dans lequel il est même rapporté que Deborah Lee James, l'actuelle secrétaire à la Force aérienne des États-Unis d'Amérique, a déclaré :

 

Deborah Lee James

 

 

 

"We're in the business of killing terrorists and business is good. We need to replenish our munitions stock."

 

Ce qui signifie en français :

 

« Nous sommes dans le business de tuer des terroristes et le business est bon. Nous avons besoin de renouveler notre stock de munitions. »

 

 


 

Nous lui laissons, bien sûr, la pleine responsabilité de sa déclaration.

 

Des licenciements à la clef !

 

Le site de Herstal de la FN procure, à l'heure actuelle, un emploi à quelque 1400 personnes ainsi qu'à plusieurs milliers de sous-traitants.

Si la FN est privatisée, il faut s'attendre assez rapidement à des licenciements massifs. En effet, le seul but d'une entreprise privée étant de réaliser le plus gros profit, son intérêt sera de délocaliser l'emploi. Et rien ne pourra l'en empêcher car l'article 63 du TFUE interdit aux gouvernements des membres de l'Union européenne de s'opposer aux délocalisations.

Rappelez-vous, en 2014, General Electric rachetait, suite à des manœuvres commerciales extrêmement agressives, pour ne pas dire douteuses, le fleuron de l'industrie française qu'était Alstom en promettant de préserver, et même de créer, de l'emploi et, il y a cinq jours, ce 13 janvier 2016, soit à peine un peu plus d'un an après le rachat d'Alstom par General Electric, celle-ci vient d'annoncer la suppression de 765 emplois en France !

Nous pouvons d'ores et déjà prévoir que le candidat à l'acquisition de la FN promettra de garantir les emplois et même d'en créer. Mais de telles promesses n'engagent que ceux qui y croient...

 

Conclusion

 

La Fabrique nationale est un joyau de l'industrie belge. Elle existe depuis 1889 mais, bien avant cela, dès le XVIIe siècle, la région liégeoise était déjà réputée pour ses fabrications mécaniques et en particulier d'armes à feu. Il s'agit non seulement de quatre siècles de tradition et de fierté locales mais en plus de milliers de personnes qui risquent de perdre l'emploi qu'elles ont aujourd'hui.

 

La Fabrique nationale est une entreprise hautement rentable dans un secteur en pleine croissance.

Cela pour le bénéficie de la Région wallonne. Dilapider un tel patrimoine en le vendant serait une aberration économique et ne serait qu'un cas supplémentaire du pillage institutionnalisé auquel se livre l'oligarchie financière.

 

Par ailleurs, l'armement étant un secteur hautement stratégique, il est impératif de le garder sous contrôle national. Et même si la FN était vendue à des intérêts privés belges, rien ne l'empêcherait de tomber en des mains étrangères car l'article 63 du TFUE interdit toute restriction aux mouvements de capitaux entre les membres de l'Union européenne ainsi qu'entre ceux-ci et les pays tiers.

 

La Fabrique nationale de Hertsal est contrôlée à 100 % par la Région wallonne, elle doit le rester.

 

 

Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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