Qu'est-ce que le smart power ?

Hillary Clinton

 

 

Le concept de smart power a été mis en avant par Hillary Clinton qui était, du 21 janvier 2009 au 01er février 2013, le précédent secrétaire d'État des États-Unis d'Amérique, avant que John Kerry ne la remplace à ce poste.

Rappelons que le secrétaire d'État des États-Unis d'Amérique est le chef de la diplomatie de ce pays ; en d'autres termes, cette fonction est l'équivalent de celle de ministre des Affaires étrangères.

Hillary Clinton est actuellement candidat à la prochaine élection présidentielle des État-Unis d'Amérique.

 

Le laboratoire d'idées, expression plus connue, américanisation des cerveaux oblige, sous les termes « think tank », états-unien Center for Strategic and International Studies (CSIS), et en particulier le grand politologue états-unien Joseph Samuel Nye, Jr., définissent (à la page 14 du CSIS Commission on smart power) le smart power comme étant :

 

"Smart power is neither hard nor soft—it is the skillful combination of both. Smart power means developing an integrated strategy, resource base, and tool kit to achieve American objectives, drawing on both hard and soft power. It is an approach that underscores the necessity of a strong military, but also invests heavily in alliances, partnerships, and institutions at all levels to expand American influence and establish the legitimacy of American action."

 

Ce qui signifie en français :

 

« Le smart power n'est ni le hard power ni le soft power—c'est l'habile combinaison des deux. Le smart power signifie le développement d'une stratégie intégrée, d'une base de ressources et d'une trousse d'outils pour atteindre les objectifs américains, en s'inspirant à la fois du hard power et du soft power. C'est une approche qui souligne la nécessité d'une armée forte mais qui, également, investit massivement dans des alliances, des partenariats et des institutions à tous les niveaux pour élargir l'influence américaine et établir la légitimité de l'action américaine. »

 

Que signifie ce verbiage ?

 

Nous nous souvenons que Joseph Nye, Jr. avait défini très clairement, d'une part, le hard power comme désignant tous les moyens conventionnels de la diplomatie, c'est-à-dire l'usage de la négociation, celle-ci pouvant aboutir à l'emploi de la force ; et, d'autre part, le soft power comme étant l'ensemble de tous les autres moyens d'exercer une influence.

 

Dans de telles conditions, que le même Joseph Nye définisse le smart power comme n'étant ni le hard power ni le soft power, tout en étant une combinaison des deux, tient en réalité du non-sens. Ce qu'il faut donc comprendre, c'est que le smart power englobe tout simplement les concepts de hard power et de soft power ; en d'autres termes, le smart power, c'est l'usage de tous les moyens d'action possibles.

 

Contrairement à ce que son nom voudrait faire croire - « smart power » signifiant en français « pouvoir malin » -, le smart power n'a vraiment rien de subtil. De même, si on considère la polysémie du terme « smart », qui peut également signifier « élégant », « distingué » ou encore « chic », le concept de smart power, qui consiste donc à faire usage de tous les moyens possibles, porterait fort mal son nom car une telle « méthode » manque singulièrement d'élégance.

 

Quoi qu'il en soit, le ton est clair : le smart power a pour objet, par tous les moyens possibles, d'élargir l'influence américaine et d'établir la légitimité de l'action américaine. Comme si une méthode d'action ne pouvait pas servir les intérêts des uns et des autres !

 

Une entreprise de communication

 

Il est donc aisé de comprendre que le concept de smart power est une coquille creuse qui n'est, en fait, rien d'autre qu'une entreprise de communication.

 

Hillary Clinton, qui voudrait tenter de faire croire qu'elle a élaboré une nouvelle méthode d'aborder, et de traiter, les questions internationales, prétend, avec son smart power, se différencier radicalement des administrations états-uniennes précédentes. En effet, elle prétend renoncer, d'une part, au discours messianique des précédents gouvernements des États-Unis d'Amérique, et en particulier de celui de George Walker Bush, et, d'autre part,  à l'usage systématique de la guerre comme moyen de tenter de maintenir l'hégémonie de l'Empire états-unien déclinant. Nous savons parfaitement que c'est absolument faux : d'une part, Hillary Clinton est une apologiste de la destinée manifeste, cette idéologie qui prétend que les États-Unis d'Amérique ont pour mission divine de répandre leur vision de la démocratie à travers le monde ; et, d'autre part, elle n'a cessé de multiplier les déclarations bellicistes, promettant, entre autres, une guerre contre l'Iran si elle était élue à la présidence des États-Unis d'Amérique. Elle a, de plus, joué un rôle majeur, criminel, dans les guerres illégales d'agression contre la Libye et la Syrie. Elle ne cesse d'afficher une hostilité exacerbée, et méprisante, à l'égard la Russie. Une telle attitude est-elle digne de l'ancien chef de la diplomatie états-unienne ou d'un candidat à la prochaine élection présidentielle de ce pays ?

 

Conclusion

 

Bien qu'il prétende englober, par définition, le soft power, le concept de smart power n'est qu'une entreprise de communication, et donc, par conséquent, un élément, parmi tant d'autres, du soft power.

 

En s'érigeant en champion du smart power, Hillary Clinton déclare au monde entier qu'elle est prête à tout pour arriver à ses fins personnelles, même si cela implique d'appauvrir son propre pays et de provoquer de multiples guerres de par le monde. Le lecteur curieux d'approfondir cette question lira avec grand intérêt le livre Hillary Clinton   La reine du chaos écrit par Diana Johnstone.

 

Il est important d'étudier les éléments du langage qui caractérisent le discours qui vous est soumis.

 

 

Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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