Le dangereux principe des alliances automatiques

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La veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale, la situation diplomatique en Europe oppose deux blocs d'alliances : d'une part, la Triple-Alliance, également appelée Triplice, et qui regroupe l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie ; d'autre part, la Triple-Entente qui rassemble la France, la Russie et le Royaume-Uni.

 

Alors que la tension en Europe n'avait fait qu'augmenter depuis plusieurs années et que les deux guerres balkaniques venaient d'avoir lieu, l'Autriche-Hongrie, utilisant l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche comme casus belli, est déterminée à envahir la Serbie. Or celle-ci est alliée à la Russie. L'Autriche ne s'embarrasse guère d'une telle considération, convaincue que son allié allemand tiendra la Russie à distance. Cependant, afin d'avoir les mains libres pour affronter l'immense Russie, l'Allemagne doit d'abord neutraliser son puissant voisin occidental, la France : c'est le fameux plan Schlieffen. La présence du Rhin et des massifs des Vosges, du Jura et de la Forêt Noire rendant la frontière franco-allemande fort propice à la défense et, surtout, les Français y ayant établi de formidables structures défensives après le désastre de 1870, l'offensive allemande se doit donc de passer à travers la Belgique afin de contourner les positions françaises. La neutralité de la Belgique ayant été garantie par le traité de Londres de 1831, le Royaume-Uni se sent garant de la neutralité belge et ne saurait, de toute façon, tolérer que le très important port d'Anvers tombât sous le contrôle de sa rivale allemande. Seule l'Italie choisit le sage chemin de la neutralité, du moins provisoirement...

 

Comme on le comprend, c'est le système des alliances automatiques qui a entraîné, alors qu'il était supposé garantir la paix, à peu près toutes les nations d'Europe dans la Première Guerre mondiale. Le seul pays parvenant à éviter la guerre, l'Italie, fut également le seul à se retirer, au dernier moment, de son alliance, la Triplice. Si l'Italie entra dans la guerre un an plus tard, cela est dû au fait que les puissances de la Triple-Entente furent capables de la manipuler en exploitant son irrédentisme et en lui promettant des territoires qui seraient à capturer sur l'Autriche-Hongrie.

 

L'enseignement à tirer de ces événements est que les systèmes d'alliances automatiques, même s'ils ont une vocation défensive, sont en fait des facteurs de risque de déclenchement de guerre généralisée car, chacun se sentant à l'abri au sein de son alliance, peut ainsi être tenté de dépasser certaines bornes inacceptables et de mettre ainsi le feu aux poudres.

 

En quoi cela nous concerne-t-il aujourd'hui ?

 

L'Histoire ne se répète pas mais elle bégaie toujours. En d'autre termes, des causes identiques engendrent, tôt ou tard, des effets identiques ; ce qui implique que connaître le passé permet de comprendre le présent et d'anticiper l'avenir.

 

L'alinéa 7 de l'article 42 du traité sur l'Union européenne (TUE) décrit un système, certes défensif, d'alliances automatiques :

 

« 7. Au cas où un État membre serait l'objet d'une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l'article 51 de la charte des Nations unies. Cela n'affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres. »

 

 

Il est remarquable que cet alinéa de l'article 42  du traité sur l'Union européenne est littéralement calqué sur l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord (TAN), qui est également appelé le Traité de Washington, comme le rappelle le site internet de l'OTAN :

 

« Article 5

 

Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.

Toute attaque armée de cette nature et toute mesure prise en conséquence seront immédiatement portées à la connaissance du Conseil de Sécurité. Ces mesures prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales. »

 

 

Ces deux articles se ressemblent tellement qu'ils font tous deux la même référence à l'article 51 de la charte des Nations unies, référence qui fera l'objet de notre prochain article.

 

Cette similitude entre ces deux articles, l'article 42 du TUE et l'article 5 du TAN, nous montre, une fois de plus, que l'OTAN et l'Union européenne sont les deux faces d'une même médaille.

 

Que faire ?

Il faut en revenir à un système d'équilibre des puissances, tel que celui qui existait en Europe au XIXe siècle dès 1815, après les guerres napoléoniennes. Ce système, appelé système de Vienne, ou également système de Metternich, en l'honneur de Klemens von Metternich, ce grand diplomate autrichien qui en fut l'un des principaux architectes, garantit qu'aucun État ne devienne assez puissant pour menacer la paix globale.

 

De plus, un tel système permet d'éviter immédiatement tout débordement d'une puissance secondaire ou mineure, celle-ci ne pouvant se réfugier au sein d'une coalition toute puissante après avoir outrepassé d'une façon qu'elle ne s'autoriserait pas si elle était livrée à elle-même dans le concert des nations. En présence d'un tel système, un juste équilibre est trouvé, ce qui présente le meilleur gage de paix.

 

Conclusion

 

Il faut absolument refuser la fausse dichotomie que les États-Unis veulent imposer au monde et qui consiste à prétendre que ceux qui ne les soutiennent pas sont leurs ennemis. Une telle position n'est rien d'autre qu'une posture on ne peut plus belliqueuse.

 

Il est possible de n'être ni pour ni contre les États-Unis d'Amérique, ou quelque nation étrangère que ce soit, et d'être tout simplement, et sainement, pour ses propres intérêts.

 

La conclusion s'impose d'elle même : afin de s'offrir une possibilité de ne pas sombrer dans la conflagration générale qui se profile de plus en plus à l'horizon, la Belgique doit sortir de l'OTAN par la mise en œuvre de l'article 13 du Traité de l'Atlantique Nord. Cela seul permettrait à la Belgique de reprendre la place qui est la sienne depuis le traité de Londres de 1831, c'est-à-dire depuis qu'elle existe. Une place digne, honnête, qui sert ses propres intérêts. Cette place, c'est la neutralité.

 

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Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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