Les GOPÉ imposées à la Belgique pour la période 2017-2018

Les ordres de la Commission européenne sont arrivés !

 

Conformément à l'article 121 du TFUE, la Commission européenne a publié ce 22 mai 2017, avec cinq jours de retard donc, son rapport concernant les GOPÉ, les grandes orientations des politiques économiques, pour la période 2017-2018. Vous trouverez ce document ici, sur le site internet de la Commission européenne.

 

Nous invitons nos lecteurs à lire très attentivement l'intégralité des neuf pages de ce document qui est, certes, rédigé en novlangue européiste, cet idiome abscons destiné à décourager le lecteur et à dissimuler la teneur réelle du message qu'il véhicule. Cette méthode qui consiste à susciter l'ennui et l'indifférence est une des idiosyncrasies de la dictature qu'est l'Union européenne.

 

Voici le texte complet (que vous trouverez en page 9 du document) des recommandations que la Belgique est tenue d'observer durant la période 2017-2018, c'est-à-dire durant les 12 mois à venir :

 

 

« 1. poursuivre sa politique budgétaire en respectant les exigences du volet préventif du pacte de stabilité et de croissance, ce qui se traduit par un effort budgétaire important pour 2018; veiller, lorsque des mesures sont prises, à parvenir à une orientation budgétaire contribuant à la fois à renforcer la reprise en cours et à garantir la viabilité des finances publiques de la Belgique; convenir d’une répartition des objectifs budgétaires entre les différents niveaux de pouvoir, qui aurait force exécutoire, et garantir une surveillance budgétaire indépendante; supprimer les dépenses fiscales qui provoquent des distorsions; améliorer la composition des dépenses publiques afin de créer de la marge pour l’investissement dans les infrastructures, y compris en matière de transports;

 

2. veiller à ce que les groupes les plus défavorisés, y compris les personnes issues de l’immigration, aient accès, de manière équitable, à une éducation de qualité, à une formation professionnelle de qualité et au marché du travail;

 

3. stimuler l’investissement dans le capital des connaissances, notamment grâce à des mesures visant à accroître l’adoption des technologies numériques, et dans la diffusion de l’innovation; accroître la concurrence sur les marchés des services professionnels, ainsi que dans le secteur du détail, et renforcer les mécanismes de marché dans les industries de réseau. »

 

Que signifie ce verbiage ?

 

1. Le premier point est parfaitement clair : il s'agit de poursuivre et de renforcer la politique économique d'austérité qu'on nous impose depuis plus de vingt ans sous le prétexte de la nécessité de rembourser la dette qu'a la Belgique ; or force est de constater que cette dette ne cesse d'augmenter ! Le moins qu'on puisse dire est que cette politique d'austérité ne remplit pas les objectifs avancés pour l'imposer, au contraire !

 

Cette politique budgétaire prolongée de rigueur, ou d'austérité, n'est rien d'autre qu'un pillage planifié, de longue date, du patrimoine des membres de l'Union européenne, et donc de tous ses citoyens ; ce pillage, prolongé rappelons-le, est organisé par l'oligarchie financière et industrielle qui est réellement au pouvoir en Occident. Elle seule bénéficie, et même de façon scandaleuse, de cette situation.

 

Cette prétendue « gouvernance par la dette », devrait être désignée par le terme « créocratie »¹, concept qui sera l'objet d'une prochaine conférence.

 

Une dernière précision concernant la fin de ce premier point :

 

« supprimer les dépenses fiscales qui provoquent des distorsions; améliorer la composition des dépenses publiques afin de créer de la marge pour l’investissement dans les infrastructures, y compris en matière de transports »

 

signifie notamment que la Belgique va devoir réserver un régime fiscal plus sévère envers les voitures de société et les cartes de carburant. En effet, le point (19) de ce rapport contient le passage suivant :

 

« en supprimant les distorsions du marché et les incitations fiscales préjudiciables, comme le traitement favorable réservé aux voitures de société. »

 

et le point (20) de ce rapport contient, quant à lui, le passage suivant :

 

« Le passage à une fiscalité plus verte présente également de fortes potentialités, notamment en raison du traitement fiscal favorable réservé aux voitures de société et aux cartes de carburant »

 

Les citoyens soucieux de l'environnement pourraient, à première vue, être tentés d'accueillir favorablement une telle mesure mais ils ne se laisseront pas tromper car le même point (20) précise, dès la phrase suivante :

 

« Le gouvernement envisage de modifier le système des voitures de société, mais les effets positifs de cette réforme sur l’environnement seront vraisemblablement limités. »

 

Ce dont il s'agit en réalité est de réduire d'une façon bien précise le salaire réel de travailleurs bénéficiant d'une voiture de société. En d'autres termes, une telle pratique s'inscrit dans le cadre de la dévaluation interne.

 

 

2. Le deuxième point peut sembler être une aimable intention d'ordre philanthropique mais il n'en est rien car il s'agit tout simplement d'exercer une pression maximale à la baisse sur les salaires en exploitant les personnes issues de l'immigration. Cette honteuse exploitation de la vulnérabilité -_pour ne pas dire de la misère - de personnes issues de l'immigration ne fait que mettre en concurrence sauvage, en choc frontal, les salariés autochtones (ce qui inclut notamment les personnes issues, elles aussi, de l'immigration mais à un moment antérieur)  et les personnes nouvellement arrivées de pays étrangers. C'est ainsi, par exemple, que l'Allemagne a créé, l'année passée, des emplois à 0,80 euro par heure sous le prétexte « d'intégrer les réfugiés » ! Des rémunérations si misérables, en plus de détériorer de façon drastique les conditions salariales générales par le jeu de la concurrence, contribuent à attiser les tensions sociales en opposant ceux qui acceptent de travailler pour une misère à ceux qui percevaient quelque chose qui méritait encore le nom de « salaire ». Or créer des tensions internes au sein d'un groupe est une façon pour l'oligarchie au pouvoir de s'assurer qu'elle en garde le contrôle : diviser pour régner, c'est toujours la même antienne depuis des millénaires.

 

 

3. Le troisième point porte sur plusieurs éléments différents :

 

« accroître l’adoption des technologies numériques »

 

signifie, entre autres, que les ordonnances médicales devront - c'est prévu pour 2018 - être numérisées dans la carte d'identité ou encore que tous les paiements devront, à terme, être numérisés, ce qui implique la terrible menace de la disparition de l'argent liquide ! Cet objectif majeur poursuivi par l'oligarchie afin de contrôler à peu près totalement nos vies et de posséder virtuellement tout sera l'objet d'un prochain article.

 

« accroître la concurrence sur les marchés des services professionnels, ainsi que dans le secteur du détail »

 

Faut-il vraiment expliquer ce que cela signifie ? Accroître la concurrence revient à baisser les salaires et à détériorer les contrats ainsi que les conditions de travail.

 

« renforcer les mécanismes de marché dans les industries de réseau »

 

« Renforcer les mécanismes de marché » signifie « privatiser, accroître la concurrence et déréguler ». Les industries de réseau désignent toutes les activités de distribution par réseau telles que les réseaux de distribution d'eau, d'électricité, de gaz ou encore de téléphonie.  De tels réseaux de distribution devraient avoir pour objectif prioritaire d'assurer un service de qualité à toute la population, y compris dans les zones rurales les plus isolées. Or une entreprise privée n'a pour seule raison d'être que le profit maximum, au détriment de tout le reste : la baisse de la qualité du service, voire sa dangerosité ne sont aucunement des paramètres pris en compte dans un calcul de rentabilité immédiate. De plus, des réseaux tels que, par exemple, la production et la distribution d'électricité nécessitent une gestion et des investissements avec un horizon en vue d'au moins 20, voire 30 ou 40 ans, ce qu'une entreprise nationalisée peut naturellement adopter tandis qu'une entreprise privée ne pourra fonctionner qu'en termes de rendement à court terme.

 

 

En réalité, toutes ces recommandations de la Commission européenne pour les grandes orientations des politiques économiques ne sont que des mesures ultralibérales qui n'ont pour objet que de livrer encore un peu plus les pays membres de l'Union européenne à l'oligarchie qui détient réellement le pouvoir et dont la Commission européenne, toute dictatoriale qu'elle soit, n'est que l'instrument politique servile dont elle use pour augmenter encore sa domination.

 

 

¹La créocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par les créanciers.

D'autres ont peut-être inventé ce néologisme avant moi mais je ne l'ai jamais rencontré.

 

Une précision technique

 

Les recommandations figurant aux points 1 et 2 sont étroitement liées à l'appartenance de la Belgique à la zone euro comme en atteste la note (2) que vous trouverez à la fin de la page 2 et au début de la page 3 de cette édition 2017-2018 des GOPÉ imposées par la Commission européenne :

 

« (2) En tant qu’État membre dont la monnaie est l’euro, et compte tenu des liens étroits entre les économies de l’Union économique et monétaire, la Belgique devrait veiller à mettre en œuvre intégralement et en temps utile la recommandation concernant la zone euro, qui est prise en compte dans les recommandations figurant aux points 1 à 2 ci-dessous. »

 

Voilà une raison supplémentaire, si besoin était, pour laquelle la Belgique doit sortir sans délai de la zone euro : l'appartenance de la Belgique à celle-ci est un prétexte de plus que la Commission européenne exploite afin de nous imposer les politiques économiques qu'elle a décidées, à notre place, et que nous devrions suivre, pour notre plus grand malheur...

 

Une importante précision juridique

 

La candidature de François Asselineau à la récente élection présidentielle française lui a enfin offert l'occasion de s'exprimer dans les grands médias français. Dans ce contexte, François Asselineau a fait connaître au grand public l'existence des GOPÉ. Afin d'atténuer l'influence de cette révélation, les européistes ont élaboré un nouvel élément mensonger de propagande qui consiste à souligner que les GOPÉ que la Commission européenne impose aux pays membres de l'Union européenne sont dénommées sous le vocable « recommandation » ; cela afin de tenter de faire croire que les GOPÉ ne seraient que des « recommandations européennes » qui, elles, ne sont effectivement pas contraignantes. La connaissance de cette argutie spécieuse doit faire partie de votre argumentaire afin de ne pas laisser vos interlocuteurs se laisser berner plus longtemps par cette propagande européiste mensongère².

 

Rappelons que, comme cela a été exposé au paragraphe précédent, les recommandations figurant aux points 1 et 2, soit la majorité des GOPÉ pour la période 2017-2018, sont étroitement liées à l'appartenance de la Belgique à la zone euro. Par conséquent, prétendre que ces recommandations ne présentent aucune obligation est un non-sens. Par le truchement de pactes et de traités tous plus contraignants les uns que les autres (pacte de stabilité et de croissance, TSCG, six-pack, two-pack), les pays membres de la zone euro, comme les autres membres de l'Union européenne dans certains cas, sont soumis à un contrôle très strict de nombre de leurs paramètres économiques. Dans l'hypothèse où un pays se trouverait en infraction, il pourrait être l'objet de sanctions financières importantes dénommées par euphémisme « constitutions de dépôt » mais qui sont bel et bien de véritables amendes, amendes pouvant atteindre des montants allant jusqu'à 0,5 % du PIB ! Dans le cas de la Belgique, une telle amende pourrait donc s'élever à un peu plus de 2,5 milliards d'euros ! Au regard d'une telle menace, on comprend mieux le caractère obligatoire des GOPÉ.

 

Finalement, un simple raisonnement conceptuel permet de saisir que les recommandations de la Commission européenne concernant les GOPÉ ont un effet comminatoire : en effet, si ce n'était pas le cas, pourquoi la Commission européenne prendrait-elle la peine de se livrer à un tel travail ?

 

 

²L'aimable lecteur nous pardonnera ce pléonasme.

 

Conclusion

 

La conclusion à en tirer est évidente et incontournable : la seule façon de rendre à la Belgique la possibilité de décider par elle-même des politiques économiques qu'elle veut, ou non, mettre en action consiste à sortir de ce carcan qu'est l'Union européenne par la mise en œuvre de l'article 50 du traité sur l'Union européenne.

 

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Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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