Les GOPÉ imposées à la Belgique pour la période 2018-2019

Les ordres de la Commission européenne sont arrivés !

 

Conformément à l'article 121 du TFUE, la Commission européenne a publié, ce 23 mai 2018, son rapport concernant les GOPÉ, les grandes orientations des politiques économiques, pour la période 2018-2019. Vous trouverez ce document ici, sur le site internet de la Commission européenne.

 

De façon tout à fait remarquable, ce document, destiné à la Belgique, n'est disponible qu'en anglais¹, alors même que ce langage n'est aucune des trois langues officielles de notre pays ! Il s'agit, bien sûr, et une fois de plus, d'un usage du soft power, la langue étant un des vecteurs privilégiés de celui-ci.

 

Nous invitons nos lecteurs à lire très attentivement l'intégralité des huit pages de ce document qui est, certes, rédigé en novlangue européiste, cet idiome abscons destiné à décourager le lecteur et à dissimuler la teneur réelle du message qu'il véhicule. Cette méthode qui consiste à susciter l'ennui et l'indifférence est une des idiosyncrasies de la dictature qu'est l'Union européenne.

 

Voici le texte complet (que vous trouverez en pages 7 et 8 du document, tout à la fin de celui-ci) des recommandations que la Belgique est tenue d'observer durant la période 2018-2019, c'est-à-dire durant les douze mois à venir_:

 

 

« 1. Ensure that the nominal growth rate of net primary government expenditure does not exceed 1.8 % in 2019, corresponding to an annual structural adjustment of 0.6 % of GDP. Use windfall gains to accelerate the reduction of the general government debt ratio. Pursue the envisaged pension reforms and contain the projected increase in long-term care expenditure. Pursue the full implementation of the 2013 Cooperation Agreement to coordinate fiscal policies of all government levels. Improve the efficiency and composition of public spending at all levels of government to create room for public investment, notably by carrying out spending reviews.

 

2. Remove disincentives to work and strengthen the effectiveness of active labour market policies, notably for the low-skilled, people with a migrant background and older workers. Pursue the education and training reforms, including by fostering equity and increasing the proportion of graduates in science, technology, engineering and mathematics.

 

3. Reduce the regulatory and administrative burden to incentivise entrepreneurship and increase competition in services, particularly retail, construction and professional services. Tackle the growing mobility challenges, in particular through investment in new or existing transport infrastructure and reinforcing incentives to use collective and low emission transport. »

 

Ce qui signifie en français¹ :

 

« 1. S'assurer que le taux de croissance nominal des dépenses publiques primaires nettes ne dépasse pas 1,8 % en 2019, ce qui correspond à un ajustement structurel annuel de 0,6 % du PIB. Utiliser des gains exceptionnels pour accélérer la réduction du taux d'endettement des administrations publiques. Poursuivre les réformes envisagées des retraites et contenir l'augmentation prévue des dépenses de soins de longue durée. Poursuivre la mise en œuvre complète de l'Accord de Coopération de 2013 afin de coordonner les politiques fiscales de tous les niveaux de gouvernement. Améliorer l'efficacité et la composition des dépenses publiques à tous les niveaux de gouvernement afin de créer des conditions favorables à l'investissement public, notamment en procédant à des examens des dépenses.

 

2. Supprimer les contre-incitations au travail et renforcer l'efficacité des politiques actives du marché du travail, notamment pour les personnes peu qualifiées, les personnes issues de l'immigration et les travailleurs âgés. Poursuivre les réformes de l'enseignement et de la formation, notamment en favorisant l'équité et en augmentant la proportion de diplômés en sciences, en technologie, en ingénierie et en mathématiques.

 

3. Réduire le fardeau réglementaire et administratif pour encourager l'esprit d'entreprise et accroître la concurrence dans les services, en particulier dans le commerce de détail, la construction et les services professionnels. S'attaquer aux défis croissants de la mobilité, en particulier en investissant dans des infrastructures de transport nouvelles ou existantes et en renforçant les incitations à utiliser les transports en commun ainsi que ceux à faible émission. »

 

 

¹Si un lecteur trouve ce document en français, qu'il nous le communique, ce qui nous permettrait, éventuellement, de modifier notre texte en conséquence. En attendant, la traduction présentée ici a été réalisée par nos propres soins.

 

*Addendum (02 décembre 2018) : nous remercions l'aimable lectrice qui nous a renseigné l'adresse de la version française du rapport de la Commission européenne concernant les GOPÉ destiné à la Belgique pour la période 2018-2019. Vous trouverez ce document ici.

 

Que signifie ce verbiage ?

 

1. Le premier point est parfaitement clair :

 

réduire les dépenses publiques : en effet, si leur augmentation nominale nette est inférieure à l'inflation réelle, leur montant est donc bien réduit ;

« Utiliser des gains exceptionnels pour accélérer la réduction du taux d'endettement des administrations publiques » signifie continuer à privatiser des biens publics afin prétendument de rembourser la dette qui est, par nature, impossible à rembourser : il s'agit là d'une manœuvre créocratique typique de pillage ;

continuer à augmenter l'âge effectif du départ à la retraite ;

ne pas procéder à l'augmentation prévue des soins de longue durée.

 

En d'autres termes, il s'agit de poursuivre et de renforcer la politique économique d'austérité qu'on nous impose depuis plus de vingt ans sous le prétexte de la nécessité de rembourser la dette qu'a la Belgique ; or force est de constater que cette dette ne cesse d'augmenter ! Le moins qu'on puisse dire est que cette politique d'austérité ne remplit pas les objectifs avancés pour l'imposer, au contraire !

 

Nous en voulons pour preuve, par exemple, le début de la note (7) que vous trouverez au début de la page 3 de cette édition 2018-2019 des GOPÉ imposées par la Commission européenne :

 

« (7) On 23 May 2018, the Commission issued a report under Article 126(3) of the TFEU, as  Belgium  did  not  make  sufficient  progress  towards  compliance  with  the  debt reduction  benchmark  in  2017. »

 

Ce qui signifie en français :

 

« (7) Le 23 mai 2018, la Commission a publié un rapport au titre de l'article 126, paragraphe 3, du TFUE, la Belgique n'ayant pas suffisamment progressé dans la réalisation du critère de réduction de la dette en 2017._»

 

Cette politique budgétaire prolongée de rigueur, ou d'austérité, n'est rien d'autre qu'un pillage planifié, de longue date, du patrimoine des membres de l'Union européenne, et donc de tous ses citoyens ; ce pillage, prolongé rappelons-le, est organisé par l'oligarchie financière et industrielle qui est réellement au pouvoir en Occident. Elle seule bénéficie, et même de façon scandaleuse, de cette situation.

 

Dès que de l'argent est prêté avec intérêt, il y a plus d'argent dû qu'il n'en existe, ce qui a pour conséquence qu'il est impossible de rembourser l'ensemble de la dette.

La dette n'est qu'un instrument de domination et d'asservissement : nous vivons en créocratie.

 

 

2. Le deuxième point porte sur plusieurs éléments différents :

 

« Supprimer les contre-incitations au travail »

 

signifie réduire encore les allocations des personnes qui sont sans emploi.

 

« renforcer l'efficacité des politiques actives du marché du travail, notamment pour les personnes peu qualifiées, les personnes issues de l'immigration et les travailleurs âgés. »

 

signifie contraindre les personnes sans emploi à accepter des conditions de travail de plus en plus déplorables : il faut accepter de suivre toujours plus de formations qui ne déboucheront sur aucun emploi concret, il faut accepter de travailler à temps partiel, de plus en plus loin de chez soi, en tant qu'intérimaire ou que pseudo-indépendant, et cela toujours pour un salaire de plus en plus bas. Tout cela contribue en réalité - et c'est l'objectif ! -  à détériorer les conditions de travail de ceux qui ont déjà un emploi. Le but ultime étant de ramener l'ensemble des travailleurs aux conditions dénoncées par Émile Zola dans son chef d'œuvre Germinal.

 

Le fait de vouloir accorder une attention particulière aux immigrés peut sembler être une aimable intention d'ordre philanthropique mais il n'en est rien car il s'agit tout simplement d'exercer une pression maximale à la baisse sur les salaires en exploitant les personnes issues de l'immigration. Cette honteuse exploitation de la vulnérabilité - pour ne pas dire de la misère - de personnes issues de l'immigration ne fait que mettre en concurrence sauvage, en choc frontal, les salariés autochtones (ce qui inclut notamment les personnes issues, elles aussi, de l'immigration mais à un moment antérieur) et les personnes nouvellement arrivées de pays étrangers. C'est ainsi, par exemple, que l'Allemagne a créé, en 2016, des emplois à 0,80 euro par heure sous le prétexte «_d'intégrer les réfugiés » ! Des rémunérations si misérables, en plus de détériorer de façon drastique les conditions salariales générales par le jeu de la concurrence, contribuent à attiser les tensions sociales en opposant ceux qui acceptent de travailler pour une misère à ceux qui percevaient quelque chose qui méritait encore le nom de « salaire ». Or créer des tensions internes au sein d'un groupe est une façon pour l'oligarchie au pouvoir de s'assurer qu'elle en garde le contrôle : diviser pour régner, c'est toujours la même antienne depuis des millénaires.

 

 

3. Le troisième point, quant à lui, stipule :

 

« Réduire le fardeau réglementaire et administratif pour encourager l'esprit d'entreprise et accroître la concurrence dans les services, en particulier dans le commerce de détail, la construction et les services professionnels. »

 

signifie déréguler encore plus de professions, c'est-à-dire uberiser la société.

Ceux qui en douteraient et qui espéreraient, à tort, que « réduire le fardeau réglementaire et administratif » signifierait simplement « réduire les tracasseries administratives inutiles » n'auront manifestement pas lu ce passage de la note (20) que vous trouverez à la page 6 de cette édition 2018-2019 des GOPÉ imposées par la Commission européenne :

 

« (20) [...] regulation remains high in some professional services. As a result, competition is subdued in these sectors with low entry rates of new companies coming into the market. »

 

Ce qui signifie en français :

 

« (20) la régulation reste élevée dans certains services professionnels. Par conséquent, la concurrence est atténuée dans ces secteurs avec de faibles taux d'entrée de nouvelles entreprises sur le marché. »

 

Il s'agit donc bel et bien de poursuivre l'uberisation de la société qui permet, par exemple, à de simples particuliers de s'improviser chauffeurs de taxis ou encore livreurs à bicyclette pour des salaires de misère, ce qui détruit les conditions de travail de ceux qui dispensent encore un service comparable dans un contexte plus régulé, c'est-à-dire, entre autres, avec un contrat de travail digne de ce nom.

 

Quant à « accroître la concurrence », faut-il vraiment expliquer ce que cela signifie ? Accroître la concurrence revient à baisser les salaires et à détériorer les contrats ainsi que les conditions de travail.

 

« S'attaquer aux défis croissants de la mobilité, en particulier [...] en renforçant les incitations à utiliser les transports en commun ainsi que ceux à faible émission.

 

signifie augmenter les diverses taxes liées à l'usage de l'automobile et notamment celles sur le carburant. En particulier, ici encore, tout comme l'année passée, la Commission européenne entend réduire le salaire de certains travailleurs en imposant à la Belgique de réserver un régime fiscal plus sévère envers les voitures de société et les cartes de carburant. C'est ce qu'atteste la fin de la note (24) que vous trouverez en haut de la page 7 de cette édition 2018-2019 des GOPÉ imposées par la Commission européenne :

 

« (24) [...] there is considerable potential for a genuine 'green' tax shift dealing inter alia with the favourable treatment of company cars, which contribute to air pollution, congestion and greenhouse gas emissions. »

 

Ce qui signifie en français :

 

« (24) [...] il existe un potentiel considérable pour un véritable virage fiscal « vert » qui s'occuperait entre autres du traitement favorable des voitures de société, qui contribuent à la pollution de l'air, à la congestion et aux émissions de gaz à effet de serre. »

 

 

En réalité, toutes ces recommandations de la Commission européenne pour les grandes orientations des politiques économiques ne sont que des mesures ultralibérales qui n'ont pour objet que de livrer encore un peu plus les pays membres de l'Union européenne à l'oligarchie qui détient réellement le pouvoir et dont la Commission européenne, toute dictatoriale qu'elle soit, n'est que l'instrument politique servile dont elle use pour augmenter encore sa domination.

 

Les spécialistes, tout comme nos fidèles lecteurs, auront constaté que cette édition 2018-2019 des GOPÉ imposées par la Commission européenne diffère assez peu de l'édition précédente. Il s'agit encore, et toujours, d'imposer une politique d'austérité structurelle qui permet de piller et détruire notre pays sous le prétexte fallacieux de rembourser une dette qui ne peut l'être.

 

Une précision technique

 

L'ensemble de ces recommandations est étroitement lié à l'appartenance de la Belgique à la zone euro comme en atteste la note (2) que vous trouverez au début de la page 2 de cette édition 2018-2019 des GOPÉ imposées par la Commission européenne :

 

« (2) As a Member State whose currency is the euro and in view of the close interlinkages between the economies in the Economic and Monetary Union, Belgium should ensure the full and timely implementation of the recommendation on the economic policy for the euro area, as reflected in recommendations (1) to (3) below. »

 

Ce qui signifie en français :

 

« (2) En tant qu’État membre dont la monnaie est l’euro, et compte tenu des liens étroits entre les économies de l’Union économique et monétaire, la Belgique devrait assurer la mise en œuvre intégrale et en temps utile de la recommandation concernant la politique économique pour la zone euro, comme indiqué dans les recommandations 1 à 3 ci-dessous. »

 

Voilà une raison supplémentaire, si besoin était, pour laquelle la Belgique doit sortir sans délai de la zone euro : l'appartenance de la Belgique à celle-ci est un prétexte de plus que la Commission européenne exploite afin de nous imposer les politiques économiques qu'elle a décidées, à notre place, et que nous devrions suivre, pour notre plus grand malheur...

 

Une importante précision juridique

 

La candidature de François Asselineau à l'élection présidentielle française de l'année passée lui a enfin offert l'occasion de s'exprimer dans les grands médias français. Dans ce contexte, François Asselineau a fait connaître au grand public l'existence des GOPÉ. Afin d'atténuer l'influence de cette révélation, les européistes ont élaboré, comme par exemple dans cet article, un nouvel élément mensonger de propagande qui consiste à souligner que les GOPÉ que la Commission européenne impose aux pays membres de l'Union européenne sont dénommées sous le vocable «_recommandation » ; cela afin de tenter de faire croire que les GOPÉ ne seraient que des «_recommandations européennes » qui, elles, ne sont effectivement pas contraignantes. La connaissance de cette argutie spécieuse doit faire partie de votre argumentaire afin de ne pas laisser vos interlocuteurs se laisser berner plus longtemps par cette propagande européiste mensongère².

 

Rappelons que, comme cela a été exposé au paragraphe précédent, l'ensemble des recommandations de cette édition 2018-2019 des GOPÉ imposées par la Commission européenne, est étroitement lié à l'appartenance de la Belgique à la zone euro. Par conséquent, prétendre que ces recommandations ne présentent aucune obligation est un non-sens. Par le truchement de pactes et de traités tous plus contraignants les uns que les autres (pacte de stabilité et de croissance, TSCG, six-pack, two-pack), les pays membres de la zone euro, comme les autres membres de l'Union européenne dans certains cas, sont soumis à un contrôle très strict de nombre de leurs paramètres économiques. Dans l'hypothèse où un pays se trouverait en infraction, il pourrait être l'objet de sanctions financières importantes dénommées par euphémisme « constitutions de dépôt » mais qui sont bel et bien de véritables amendes, amendes pouvant atteindre des montants allant jusqu'à 0,5 % du PIB ! Dans le cas de la Belgique, une telle amende pourrait donc s'élever à un peu plus de 2,5 milliards d'euros ! Au regard d'une telle menace, on comprend mieux le caractère obligatoire des GOPÉ.

 

Un simple raisonnement conceptuel permet de saisir que les recommandations de la Commission européenne concernant les GOPÉ ont un effet comminatoire : en effet, si ce n'était pas le cas, pourquoi la Commission européenne prendrait-elle la peine de se livrer à un tel travail ?

 

Et, finalement, force est de constater que les pays membres de l'Union européenne mettent en œuvre les GOPÉ édictées par la Commission européenne.

 

 

²L'aimable lecteur nous pardonnera ce pléonasme.

 

Conclusion

 

La conclusion à en tirer est évidente et incontournable : la seule façon de rendre à la Belgique la possibilité de décider par elle-même des politiques économiques qu'elle veut, ou non, mettre en action consiste à sortir de ce carcan qu'est l'Union européenne par la mise en œuvre de l'article 50 du traité sur l'Union européenne.

 

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Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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