L'OTAN, une armée impériale au service du libre-échange

Why NATO secures the seas

Vidéo publiée par l'OTAN le 02 mars 2018 sur sa chaîne YouTube

 

 

Afin que le lecteur mesure la pertinence du titre de cet article, rappelons, avant de présenter cette vidéo illustrant notre propos, ce qu'est un empire et ce qu'est le libre-échange. En effet, comme nous l'écrivons dans notre lexique, comment comprendre le monde, comment réfléchir, identifier des problèmes et élaborer des solutions si on ne connaît pas le sens des mots ?

 

Qu'est-ce qu'un empire ?

 

Comme nous le définissions dans un de nos tout premiers articles :

 

 

 

Un empire est un ordre politique qui présente simultanément les deux caractéristiques suivantes :

 

• Il règne sur un nombre significatif de peuples distincts ayant chacun une identité culturelle différente et un territoire séparé.

 

• Il présente une flexibilité des frontières jointe à une tendance à l'expansion potentiellement illimitée.

Grand sceau des États-Unis d'Amérique

 

Qu'est-ce que le libre-échange ?

 

Le concept de « libre-échange » a été théorisé au XVIIIe siècle par l'Écossais, et anglophone, Adam Smith qui le désignait par les termes anglais « free trade » signifiant « commerce gratuit », gratuit pour les commerçants bien sûr, pas pour les consommateurs !

En effet, le libre-échange est un procédé qui consiste à supprimer les obstacles tarifaires, et non tarifaires, susceptibles d'entraver la circulation des marchandises commerciales, par exemple à l'importation ainsi qu'à l'exportation.

 

La mondialisation, également appelée « globalisation », n'est aucunement un phénomène naturel et n'est qu'un autre terme pour désigner le libre-échange généralisé au monde entier, ce qui signifie la mise en concurrence directe de tous les habitants de la planète. Pour leur plus grand malheur... Et pour le plus grand bénéfice d'une infime minorité.

 

Tous les accords de libre-échange visent, les uns après les autres, à réduire, chaque fois un peu plus, le pouvoir des États, jusqu'à leur destruction finale. En effet, l'État est le seul garant du droit. Sans État, c'est la loi de l'argent, et donc la violence, qui primera sur tout le reste.

 

Le libre-échange est conçu pour laisser la destinée du monde, y compris son écologie, à la merci de sociétés transnationales et surtout des banquiers.

 

Le libre-échange est l'antonyme du protectionnisme.

 

L'OTAN, une armée impériale au service du libre-échange

 

Voici donc ce que nous dit le Commodore Mike Utley, qui est à la tête du Standing NATO Maritime Group Two (SNMG2), dans cette vidéo de propagande de l'OTAN :

 

"NATO is a partnership of nations that are willing to secure their area of the world and free trades and the routes within it. That is a fantastic thing to go out and do because it secures that ability for literally hundreds of millions of people. NATO is an organization that believes in that freedom. We support the abililty to trade on the high seas and don't think that that should be restricted in any way."

 

Ce qui signifie en français :

 

« L'OTAN est un partenariat de nations qui sont désireuses de sécuriser leur zone du monde et les libres échanges et les routes à l'intérieur de celle-ci. C'est une chose fantastique à faire parce qu'elle sécurise cette capacité pour littéralement des centaines de millions de personnes. L'OTAN est une organisation qui croit en cette liberté. Nous soutenons la capacité de commercer en haute mer et ne pensons pas que cela devrait être restreint en aucune façon que ce soit. »

 

 

Voilà qui est on ne peut plus clair !

 

Et comme nous allons le voir, cette volonté de pouvoir circuler sur les mers à leur gré afin d'imposer aux autres peuples leur façon de commercer est une constante qui traverse l'histoire des Anglo-Saxons.

 

Les quatorze points de Wilson

 

 

 

Le 08 janvier 1918, le président des États-Unis d'Amérique Thomas Woodrow Wilson prononça un discours resté célèbre contenant quatorze points nécessaires, d'après lui, à l'obtention de la paix. Ces quatorze points, dont la plupart inspireront le traité de Versailles de 1919, sont connus sous l'appelation de « quatorze points de Wilson ».

 

Trois de ces quatorze points traitent de la liberté de navigation sur les mers ainsi que de libre-échange :

 

                     Woodrow Wilson

 

"II. Absolute freedom of navigation upon the seas, outside territorial waters, alike in peace and in war, except as the seas may be closed in whole or in part by international action for the enforcement of international covenants.

 

III. The removal, so far as possible, of all economic barriers and the establishment of an equality of trade conditions among all the nations consenting to the peace and associating themselves for its maintenance.

 

XII. [...] and the Dardanelles should be permanently opened as a free passage to the ships and commerce of all nations under international guarantees."

 

Ce qui signifie en français

 

« II. Liberté de navigation absolue sur les mers, en dehors des eaux territoriales, tant en temps de paix qu'en temps de guerre, sauf si les mers peuvent être fermées en tout ou en partie par une action internationale pour l'application des pactes internationaux.

 

III. La suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques et l'établissement d'une égalité des conditions de commerce entre toutes les nations consentant à la paix et s'associant pour son maintien.

 

XII. [...] et les Dardanelles devraient être ouvertes en permanence comme un passage libre aux navires et au commerce de toutes les nations sous garanties internationales. »

 

Les guerres de l'opium

 

La Chine, civilisation multimillénaire et économiquement parfaitement autonome, attentive à préserver le mode de vie de sa société traditionnelle fort conservatrice, a longtemps pratiqué un protectionnisme strict, tant commercial qu'idéologique.

 

中國


 

 

Ce n'est qu'en 1685 que l'empereur Kangxi, qui est celui qui eut, entre 1661 et 1722, le règne le plus long de l'histoire de la Chine, autorisa l'ouverture des ports chinois aux bateaux étrangers.

 

Cependant, la Chine, se suffisant pleinement à elle-même économiquement et jugeant les produits inconnus d'elle comme étant imparfaits et non conformes aux rites ancestraux, refuse de vendre ses marchandises en échange d'autres denrées et n'accepte donc de vendre ses produits que contre monnaie d'argent.

 

        Kangxi (1654-1722)

 

Cela ne convient aucunement aux Britanniques fort désireux d'acquérir de nombreux produits chinois comme le thé, la soie, des objets laqués et même de la porcelaine, dont l'importation en Europe résultait de la nécessité de lester les navires, qui, sans cela, auraient été trop instables avec des cargaisons trop légères composées exclusivement de thé et de soie.

 

Or les Britanniques, dont les colonies, contrairement à celles de l'Espagne, ne regorgeaient pas de gisements de métaux précieux, étaient incapables de payer aux Chinois les marchandises convoitées et voulurent imposer à ceux-ci comme mode de paiement l'opium, alors même que celui-ci était interdit en Chine depuis 1729 par décret impérial.

 

Les Britanniques ne s'encombrèrent pas de telles considérations et, au nom de leur droit à commercer librement, commencèrent par introduire en contrebande en Chine l'opium produit dans leurs colonies ; puis, constatant que la Chine ne se soumettait pas assez à leur volonté, lui menèrent, afin de la contraindre à acheter leur opium, une guerre qui dura trois ans, de 1839 à 1842 : la première guerre de l'opium qui se solda par une victoire britannique débouchant, le 29 août 1842, sur le traité de Nankin, inaugurant la longue série des traités inégaux que les puissances colonisatrices imposèrent à la Chine pendant presque un siècle, jusqu'en 1933.

 

Par le traité de Nankin,

 

• la Chine accorde Hong Kong en concession à l'Empire britannique ;

• cinq grands ports chinois sont ouverts au commerce extérieur ;

• la Chine est condamnée à verser de très importantes indemnités de guerre à l'Empire britannique ;

• les droits de douane sont fortement réduits ;

• les Britanniques se voient reconnaître le droit de la juridiction consulaire : un litige entre un Chinois et un Britannique sera tranché par une juridiction britannique au regard de la loi britannique, ce qui n'est pas sans rappeler l'actuelle extra-territorialité du droit états-unien qui n'est rien d'autre qu'un droit impérial_;

• l'Empire britannique bénéficie de la clause de la nation la plus favorisée.

 

« En Chine, le gâteau des Rois et… des Empereurs »

(Le Petit Journal, 16 janvier 1898)          

 

De façon remarquable, le traité de Nankin ne mentionne aucunement le commerce de l'opium, qui demeure donc illégal ! Cela laisse la porte ouverte à un futur casus belli...

 

Les conséquences économiques et sociales du traité de Nankin sont catastrophiques pour la Chine qui finira par basculer, de 1851 à 1864, dans une longue guerre civile. Cet épisode, appelé la révolte des Taiping, fut un des conflits les plus meurtriers de l'histoire de l'humanité : il provoquera plus de 30 millions de morts, soit encore plus que n'en a causé la Première Guerre mondiale.

 

Pendant cette même guerre civile, les Britanniques, voulant légaliser le commerce de l'opium en Chine et s'arroger, de surcroît, d'autres privilèges, décidèrent de renouer avec leur diplomatie de la cannonière, qui leur avait si bien réussi quelques années auparavant.

 

 

 

Le Nemesis (au fond à droite de l'estampe) fut le premier navire océanique de guerre britannique muni d'un blindage en fer.

 

Lancé en 1839, ce bateau à vapeur fut très utilisé lors de la première guerre de l'opium. Les Chinois l'appelaient « Le vaisseau du diable ».

 

C'est ainsi que l'Empire britannique, rejoint militairement par les Français et par les États-Uniens, et même par les Russes diplomatiquement, agressa une nouvelle fois la Chine : la seconde guerre de l'opium dura quatre ans, entre 1856 et 1860, et se solda par de nouveaux traités inégaux ainsi que par la légalisation de l'opium en Chine.

 

En 1906, la Chine comptait 13,5 millions de toxicomanes qui consommaient annuellement quelque 39.000 tonnes d'opium. Avec des approvisionnements abondants et des ventes au détail légales, 27 % de la population chinoise masculine adulte étaient dépendants de l'opium, un niveau de dépendance de masse jamais égalé par aucune nation, ni avant ni depuis !

 

 

Voilà donc la véritable nature du libre-échange : pouvoir vendre aux autres peuples ce dont ils n'ont aucunement besoin, même si cela les détruit, et leur prendre, gratuitement en réalité, et par la force des armes s'il le faut, ce qui est convoité chez eux. Cela s'appele du pillage assorti d'empoisonnement et de destruction.

 

Et tout cela pour le plus grand bénéfice des marchands, des fabricants d'armes et bien sûr des banques qui prêtent - avec intérêt ! - un argent qu'elles ne possèdent pas, créant ainsi de la monnaie ex nihilo et devenant, par cela-même, des faux-monnayeurs comme l'a explicitement écrit, dans son livre La crise mondiale d'aujourd’hui, l'économiste français Maurice Allais (1911-2010), lauréat en 1988 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, prix surnommé de façon captieuse « prix Nobel d'économie » :

 

« Dans son essence, la création monétaire ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n'hésite pas à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents. »

 

Conclusion

 

Au lieu de se livrer, en tant que misérable supplétif aux ordres des États-Unis d'Amérique, à des opérations militaires destinées à imposer au monde la vision qu'ont les Anglo-Saxons du commerce, vision qui ne sert que les intérêts d'une oligarchie financière et industrielle et aucunement ceux des peuples, la Belgique ferait bien mieux de retrouver la place qui est la sienne sur la scène internationale, une place digne, honnête, qui sert ses propres intérêts : cette place, c'est la neutralité.

 

Cela peut se faire très simplement, par la mise en œuvre de l'article 13 du Traité de l'Atlantique Nord. Bien sûr, cela nécessite, au préalable, de recouvrer la capacité souveraine de le faire, ce qui implique d'avoir quitté ce carcan qu'est l'Union européenne par la mise en œuvre de l'article 50 du traité sur l'Union européenne.

 

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Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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