Les juges rouges

Le Mur des cons, en 2013, dans les locaux du syndicat de la magistrature, en France

Image extraite de la vidéo filmée par le journaliste Clément Weill-Raynal,
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

 

 

En 2013, le journaliste Clément Weill-Raynal filme, de façon impromptue, comme il l'a expliqué, le Mur des cons dans les locaux du syndicat de la magistrature en France.

 

Cet événement a posé la question de la neutralité idéologique et politique des magistrats.

 

Nombre de magistrats sont corrompus par une idéologie gauchiste, progressiste, qui favorise de façon à peu près systématique certains justiciables par rapport à d'autres : ce sont les magistrats rouges¹ ; et quand il s'agit de juges, ce sont les juges rouges¹.

 

 

¹Les expressions « tribunal rouge », « magistrat rouge » et « juge rouge » n'ont donc rien à voir avec la couleur de la robe des magistrats.

 

La harangue d’Oswald Baudot

 

Durant l'été 1974, Oswald Baudot, alors substitut du procureur de la République à Marseille et membre du syndicat de la magistrature envoie un document, intitulé « Harangue à des magistrats qui débutent » à une centaine de nouveaux magistrats. L'un d'entre eux, indubitablement outré, en transmit alors anonymement, en ayant eu soin d'en avoir occulté la dédicace, une copie à la Chancellerie. Le garde des Sceaux de l'époque, Jean Lecanuet, engagea très rapidement des poursuites disciplinaires pour manquement à l'obligation de réserve contre Oswald Baudot qui comparut le 28 janvier 1975 devant la commission de discipline du parquet, comparution sans conséquences néfastes pour lui car, face à la mobilisation du syndicat de la magistrature, le ministre de la justice renonça à le sanctionner !

 

 

Voici le texte intégral de cette célèbre « Harangue à des magistrats qui débutent » :

 

 

« Vous voilà installés et chapitrés. Permettez-moi de vous haranguer à mon tour, afin de corriger quelques-unes des choses qui vous ont été dites et de vous en faire entendre d’inédites.

 

En entrant dans la magistrature, vous êtes devenus des fonctionnaires d’un rang modeste. Gardez-vous de vous griser de l’honneur, feint ou réel, qu’on vous témoigne. Ne vous haussez pas du col. Ne vous gargarisez pas des mots de « troisième pouvoir » de « peuple français », de « gardien des libertés publiques », etc. On vous a dotés d’un pouvoir médiocre : celui de mettre en prison. On ne vous le donne que parce qu’il est généralement inoffensif. Quand vous infligerez cinq ans de prison au voleur de bicyclette, vous ne dérangerez personne. Évitez d’abuser de ce pouvoir.

 

Ne croyez pas que vous serez d’autant plus considérables que vous serez plus terribles. Ne croyez pas que vous allez, nouveaux saints Georges, vaincre l’hydre de la délinquance par une répression impitoyable. Si la répression était efficace, il y a longtemps qu’elle aurait réussi. Si elle est inutile, comme je crois, n’entreprenez pas de faire carrière en vous payant la tête des autres. Ne comptez pas la prison par années ni par mois, mais par minutes et par secondes, tout comme si vous deviez la subir vous-mêmes.

 

Il est vrai que vous entrez dans une profession où l’on vous demandera souvent d’avoir du caractère mais où l’on entend seulement par là que vous soyez impitoyables aux misérables. Lâches envers leurs supérieurs, intransigeants envers leurs inférieurs, telle est l’ordinaire conduite des hommes. Tâchez d’éviter cet écueil. On rend la justice impunément : n’en abusez pas.

 

Dans vos fonctions, ne faites pas un cas exagéré de la loi et méprisez généralement les coutumes, les circulaires, les décrets et la jurisprudence. Il vous appartient d’être plus sages que la Cour de cassation, si l’occasion s’en présente. La justice n’est pas une vérité arrêtée en 1810. C’est une création perpétuelle. Elle sera ce que vous la ferez. N’attendez pas le feu vert du ministre ou du législateur ou des réformes, toujours envisagées. Réformez vous-mêmes. Consultez le bon sens, l’équité, l’amour du prochain plutôt que l’autorité ou la tradition.

 

La loi s’interprète. Elle dira ce que vous voulez qu’elle dise. Sans y changer un iota, on peut, avec les plus solides « attendus » du monde, donner raison à l’un ou à l’autre, acquitter ou condamner au maximum de la peine. Par conséquent, que la loi ne vous serve pas d’alibi.

 

D’ailleurs, vous constaterez qu’au rebours des principes qu’elle affiche, la justice applique extensivement les lois répressives et restrictivement les lois libérales. Agissez tout au contraire. Respectez la règle du jeu lorsqu’elle vous bride. Soyez beaux joueurs, soyez généreux : ce sera une nouveauté !

 

Ne vous contentez pas de faire votre métier. Vous verrez vite que, pour être un peu utile, vous devez sortir des sentiers battus. Tout ce que vous ferez de bien, vous le ferez en plus. Qu’on le veuille ou non, vous avez un rôle social à jouer. Vous êtes des assistantes sociales. Vous ne décidez pas que sur le papier. Vous tranchez dans le vif. Ne fermez pas vos cœurs à la souffrance ni vos oreilles aux cris.

 

Ne soyez pas de ces juges soliveaux qui attendent que viennent à eux les petits procès. Ne soyez pas des arbitres indifférents au-dessus de la mêlée. Que votre porte soit ouverte à tous. Il y a des tâches plus utiles que de chasser ce papillon, la vérité, ou que de cultiver cette orchidée, la science juridique.

 

Ne soyez pas victime de vos préjugés de classe, religieux, politiques ou moraux. Ne croyez pas que la société soit intangible, l’inégalité et l’injustice inévitable, la raison et la volonté humaine incapables d’y rien changer.

 

Ne croyez pas qu’un homme soit coupable d’être ce qu’il est ni qu’il ne dépende que de lui d’être autrement. Autrement dit, ne le jugez pas. Ne condamnez pas l’alcoolique. L’alcoolisme, que la médecine ne sait pas guérir, n’est pas une excuse légale mais c’est une circonstance atténuante. Parce que vous êtes instruits, ne méprisez pas l’illettré. Ne jetez pas la pierre à la paresse, vous qui ne travaillez pas de vos mains. Soyez indulgents au reste des hommes. N’ajoutez pas à leurs souffrances. Ne soyez pas de ceux qui augmentent la somme des souffrances.

 

Soyez partiaux. Pour maintenir la balance entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, qui ne pèsent pas d’un même poids, il faut que vous la fassiez un peu pencher d’un côté. C’est la tradition capétienne. Examinez toujours où sont le fort et le faible, qui ne se confondent pas nécessairement avec le délinquant et sa victime. Ayez un préjugé favorable pour la femme contre le mari, pour l’enfant contre le père, pour le débiteur contre le créancier, pour l’ouvrier contre le patron, pour l’écrasé contre la compagnie d’assurances de l’écraseur, pour le malade contre la sécurité sociale, pour le voleur contre la police, pour le plaideur contre la justice.

 

Ayez un dernier mérite : pardonnez ce sermon sur la montagne à votre collègue dévoué.

 

Oswald Baudot »

 

 

La mise en exergue, en rouge gras, est nôtre : ces passages sont particulièrement interpellants.

 

Insistons sur cette phrase d'Oswald Baudot :

 

« Sans y changer un iota, on peut, avec les plus solides « attendus » du monde, donner raison à l’un ou à l’autre, acquitter ou condamner au maximum de la peine. »

 

Par cette sentence, Oswald Baudot affirme, sans aucune gêne, sans aucune pudeur, que la justice ne serait qu'un théâtre, un simulacre, où régneraient l'arbitraire et l'injustice !

 

Une idéologie implantée dans les mœurs

 

Cette idéologie gauchiste, progressiste, est tellement présente dans les mœurs, que ce soit dans les médias, l'enseignement ou tout ce qui se veut politiquement correct, qu'on voit même, exemple parmi tant d'autres, des cabinets d'avocats belges rappeler, manifestement en l'approuvant, ce texte ! Et de nous demander à qui ils le rappellent, si ce n'est aux magistrats, et ce malgré le fait que ces avocats sont parfaitement bien placés pour savoir que iura novit curia.

 

Conclusion

 

Tout juge doit appliquer la loi telle qu'elle est écrite, de façon impartiale et objective, de façon identique envers n'importe quel justiciable - ce qui est la définition même de l'État de droit - et sans se mettre au service de quelque idéologie que ce soit, quand bien même celle-ci aurait-elle sa faveur.

 

Un juge qui ne respecterait pas ce principe sacré manquerait ainsi au principe de séparation des pouvoirs et commettrait de la sorte un abus de pouvoir ; cette façon d'outrepasser ouvrant la porte à l'arbitraire et, par conséquent, à l'injustice. Et non seulement cela constituerait-il un abus de pouvoir, mais en plus cela signifierait la soumission du juge à une idéologie qui pourrait lui être imposée, notamment, par le pouvoir exécutif.

 

Et quand la justice perd sa majesté, elle perd sa majuscule !

 

 

Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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