Ce n'est pas le pays qui doit s'adapter à la monnaie, c'est la monnaie qui doit s'adapter au pays !

Qu'est-ce que le taux de change ?

 

Le taux de change d'une monnaie est sa valeur, son prix donc, par rapport à une autre monnaie.

 

Le taux de change d'une monnaie peut être soit fixe, soit flottant :

 

• Un taux de change fixe prévoit qu'une monnaie donnée a un taux constant par rapport à une autre, dite « de référence ». C'est ainsi, par exemple, que la monnaie qui a cours aujourd'hui, et ce depuis les années 1990, en Bosnie-Herzégovine est le mark convertible qui a exactement la valeur du Deutsche Mark dont le taux de conversion est de 1 euro = 1.95583 Deutsche Mark ; ce qui nous amène à observer que la Bosnie-Herzégovine d'une part est un satellite économique allemand et, d'autre part est, d'un certain point de vue, incluse dans la zone euro !  Voilà une illustration, parmi tant d'autres du fait que les monnaies plurinationales ne sont rien d'autre que des instruments de domination impériale, sujet qui sera traité dans un prochain article.

 

• Le taux de change flottant résulte des transactions de monnaies opérées sur le marché des changes.

Lors d'un échange commercial international impliquant deux monnaies dont le taux de change n'est pas fixe, le pays importateur paie à l'aide de sa monnaie les produits qu'il achète tandis que le pays exportateur entend naturellement être payé dans la sienne. Les monnaies se rencontrent donc sur le marché des changes et la monnaie offerte, celle du pays importateur, se voit ainsi dépréciée, tandis que la monnaie demandée, celle du pays exportateur, se voit appréciée. C'est ainsi que les monnaies s'ajustent automatiquement les unes aux autres sur le marché des changes, reflétant ainsi les spécificités économiques des divers pays, que ce soit la nature de leurs tissus économiques, leurs différences de discipline au travail, leurs compétitivités respectives, leurs mentalités même : un pays n'est pas l'autre et de telles différences sont non seulement dans l'ordre des choses mais même parfaitement saines.

Par ailleurs, les monnaies peuvent, bien sûr, être l'objet de spéculations et être achetées ou vendues à cette fin, ce qui fera varier leurs cours respectivement à la hausse ou à la baisse.

 

Une monnaie réellement nationale ne saurait avoir son taux de change fixé à aucune autre monnaie de référence et a, par conséquent, nécessairement un taux de change flottant.

A contrario, un pays dont la monnaie a un taux de change fixé par rapport à une autre monnaie de référence n'est plus souverain.

 

Faut-il qu'une monnaie soit forte ?

 

Disposer d'une monnaie forte ou faible n'est aucunement une fin en soi, malgré que la possession d'une monnaie forte soit un leitmotiv allemand.

 

Pour comprendre la raison de cette obsession qui hante les Allemands, il faut savoir que ceux-ci furent profondément traumatisés par la période d'hyperinflation qu'a connue leur pays au début des années 1920, et en particulier en 1923. Afin de tenter d'appréhender l'ampleur de ce traumatisme, il convient de ne pas oublier que le Papiermark fut dévalué à un point qu'il en fut même imprimé des billets libellés en billions !  Un billion étant, rappelons-le, égal à 1012, soit un million de millions ou, en d'autres termes, mille milliards ; ce qui ne devrait pas être confondu avec le terme anglais nord-américain « billion » qui signifie, quant à lui, seulement « milliard ».

 

Billet de 100 billions de Marks émis le 15 février 1924

 

Qu'une monnaie soit forte ou faible n'est aucunement une fin en soi ; ce qui importe, c'est que la valeur d'une monnaie soit en rapport, en équilibre, avec l'économie du pays qui l'émet.

 

Les avantages et les inconvénients à disposer d'une monnaie forte ou faible

 

Toutes choses étant égales par ailleurs, les avantages et les inconvénients à disposer d'une monnaie forte ou faible sont résumés dans le tableau suivant :

 

  Avantages Inconvénients
Monnaie forte
 

• Les importations coûtent moins cher, ce qui présente l'inconvénient de nuire à l'emploi local.

                                                                                

• Partir en voyage à l'étranger coûte moins cher.

 

 

 

 

 

 

• Les exportations sont pénalisées, ce qui nuit à l'emploi local.

 

• Diminution de la demande en tourisme intérieur d'origine étrangère, et même nationale puisque voyager à l'étranger est bon marché, ce qui nuit à l'emploi local et diminue l'apport en devises étrangères.

 

• Frein à l'investissement étranger.

 

Monnaie faible

 

• Les exportations sont favorisées, ce qui est bénéfique pour l'emploi local.

 

• Augmentation de la demande en tourisme intérieur, tant d'origine étrangère que nationale, ce qui est bénéfique pour l'emploi local et augmente l'apport en devises étrangères.

 

_Augmentation de l'investissement étranger, ce qui est bénéfique pour l'emploi local. Ce phénomène a pu s'observer immédiatement après le vote par le Royaume-Uni de sa sortie de l'Union européenne.

 

 

• Les importations coûtent plus cher, ce qui présente l'avantage d'encourager la production et la consommation locales, ce qui est bénéfique pour l'emploi local ainsi que pour le développement intrinsèque du pays, particulièrement mais pas seulement, en matière d'autonomie alimentaire. De plus, consommer des produits locaux contribue au respect de l'environnement.

 

• Partir en voyage à l'étranger coûte plus cher.

 

 

 

 

 

Comme on le voit, disposer d'une monnaie surévaluée est nuisible à l'emploi local.

 

Quand la monnaie est surévaluée, les importations sont certes moins chères mais c'est sans intérêt pour la part de plus en plus considérable de la population dont le pouvoir d'achat ne cesse de se réduire faute d'emploi car même si les produits importés - et tous ne le sont pas, loin s'en faut ! - coûtent peut-être moins cher, sans salaire, on ne peut de toute façon pas se les procurer.

 

Une dépréciation de la monnaie n'entraîne pas nécessairement une baisse du pouvoir d'achat

 

La propagande des médias dominants ne cesse de brandir, de façon mensongère, la menace apocalyptique d'une hausse massive et généralisée des prix en cas de dépréciation, même mineure, qui aurait lieu en cas de sortie de la zone euro de la part d'un pays. Un simple raisonnement conceptuel permet de comprendre que, si une dépréciation avait lieu, celle-ci ne serait pas le châtiment divin encouru pour iconoclasme et hérésie à l'encontre de l'orthodoxie dominante qui interdit de quitter la zone euro, mais, bien au contraire, une telle dépréciation ne serait que la démonstration mécanique que l'euro était une monnaie surévaluée pour le pays qui vient d'en quitter la zone.

 

Nonobstant, l'argument d'une prétendue perte de pouvoir d'achat, répété ad nauseam par les médias dominants, semble tellement tétanisant que nous allons rapporter à sa juste proportion l'augmentation des prix qui résulterait d'une dépréciation de la monnaie :

 

1° Seule une fraction minoritaire du budget des ménages serait concernée. En effet, seuls les produits importés, ainsi que ceux dont la production ou la transformation locales nécessitent des produits eux-mêmes importés, seraient touchés par une hausse du coût des importations.

Ainsi, si 30 % de la consommation provient des importations et que la monnaie subit, par exemple, une dépréciation de 10 %, alors l'augmentation des prix sera de 11,11 %1 de 30 % soit 3,33 %, ce qui est vraiment négligeable, en particulier quand on considère que nombre de gens auront retrouvé un emploi et verront leur pouvoir d'achat augmenter considérablement étant donné que la hausse de leurs revenus compensera très largement la faible augmentation globale des prix.

 

2° En cas de dépréciation, les importations coûtent certes plus cher mais leur proportion dans la part du budget des ménages tend à diminuer puisque la production et la consommation locales sont favorisées. Ce phénomène tend à réduire l'impact, sur le budget des ménages, de l'augmentation du coût des importations.

 

3° L'État peut ajuster la fiscalité de certains produits importés afin d'atténuer, auprès des ménages, l'augmentation de leur coût. Une telle mesure est d'autant plus facile à mettre en œuvre que le produit est lourdement taxé, comme c'est le cas par exemple pour les produits pétroliers.

Le lecteur attentif objectera qu'un pays membre de l'Union européenne n'est pas maître de sa fiscalité ; nous lui répondrons qu'il a raison mais que son objection ne saurait être retenue car nous considérons la situation d'un pays dont la monnaie subirait une légère dépréciation suite à sa sortie de la zone euro, ce qui impliquerait, mécaniquement, sa sortie de l'Union européenne et, ce faisant, la récupération du pouvoir de décider lui-même, souverainement, de sa propre fiscalité.

 

4° Nombre de produits importés, comme par exemple le textile, génèrent des marges bénéficiaires très importantes. Afin de pouvoir assurer la continuité de leur vente, leur prix sera simplement réduit.

 

5° De même, les produits importés subissant une rude concurrence, comme par exemple certains produits technologiques, verront leurs marges bénéficiaires, et donc leurs prix, réduits afin de pouvoir assurer la continuité de leur vente.

 

6° Dans le cas précis d'une monnaie qui connaîtrait une dépréciation suite à la sortie par son pays de la zone euro, sa dépréciation par rapport à l'euro lui-même serait amoindrie car il ne s'agirait plus du même euro mais d'un euro rémanent qui aurait, lui aussi, perdu de sa valeur suite à la sortie du pays en question.

 

1Ici s'impose une importante précision mathématique qui sera traitée deux paragraphes plus loin.

 

Un exemple historique récent

 

Savez-vous que l'euro a perdu près de 25 % de sa valeur par rapport au dollar états-unien en seulement dix mois entre le 02 mai 2014, quand il valait 1,3883 $, et le 13 mars 2015 quand il valait 1,04965 $ ?

 

 

Taux de change EUR/USD spot durant les quatre dernières années

source : boursorama.com (consulté le 13 mai 2017)

 

Cela représente exactement une chute de 24,39 % du cours de l'euro par rapport à celui du dollar états-unien. Il est remarquable que cette forte dépréciation - de près de 25 % en dix mois ! - de l'euro par rapport au dollar états-unien n'a pas été accompagnée par une hausse généralisée des prix dans la zone euro ! C'est d'autant plus remarquable que le dollar états-unien est une monnaie incontournable en commerce international, en particulier depuis que les États-Unis d'Amérique ont contraint tous les pays de la planète à payer leurs achats de pétrole dans leur monnaie, le dollar états-unien. Ce diktat états-unien a bel et bien force de loi : la volonté de l'Irak de vendre son pétrole en euros est un des éléments essentiels à avoir motivé l'agression contre l'Irak par les États-Unis d'Amérique en 2003.

 

Cet exemple historique récent - cette baisse de près de 25 % en dix mois du cours de l'euro par rapport à celui du dollar états-unien - démontre qu'une dépréciation de la monnaie n'entraîne pas nécessairement une baisse du pouvoir d'achat.

 

Une importante précision mathématique

 

Dernièrement, dans le cadre de la campagne présidentielle française, il a été mentionné à maintes reprises dans les médias dominants qu'une dépréciation de x % de la valeur d'une monnaie entraînerait une hausse identique de x % du coût des importations. Une telle erreur, amoindrissant l'impact de l'argument, ne saurait donc être mise sur le compte de la propagande mais bien sur celui de l'incompétence !

 

En effet, quand vous baissez une quantité de x %, vous la multipliez en fait par (100-x)/100.

Par exemple, si vous dévaluez votre monnaie de 10 %, vous la multipliez en fait par (100-10)/100, soit par 0,9.

Autre exemple, si vous dévaluez votre monnaie de 50 %, vous la multipliez en fait par (100-50)/100, soit par 0,5.

 

Or pour savoir quelle sera l'augmentation du prix des importations suite à une dévaluation, il faut procéder à l'opération réciproque, c'est-à-dire, dans nos deux exemples, multiplier respectivement par 10/9 (ce qui revient à ajouter 1/9, soit 11,11 %) et par 2. Dans ce dernier cas, il est aisé de comprendre que si votre monnaie perd 50 % de sa valeur, autrement dit, si elle perd la moitié de sa valeur, le coût de vos importations ne sera pas augmenté de 50 % mais bien doublé, ce qui correspond à une augmentation de 100 %.

 

Cette démonstration élémentaire ne fait appel qu'à des notions d'arithmétique qui devraient être maîtrisées au sortir de l'école primaire. Le fait que tant de personnes commettent une telle erreur est symptomatique de la baisse du niveau d'instruction et de compréhension qui se généralise de façon inquiétante. Nous sommes convaincus que nos lecteurs auront, quant à eux, survolé ce paragraphe avec la plus grande aisance.

 

Que se passe-t-il quand une monnaie ne peut être dépréciée à cause d'un taux de change fixe ?

 

Nous avons vu, au début de cet article, que les monnaies s'ajustent automatiquement les unes aux autres sur le marché des changes, reflétant ainsi les spécificités économiques des divers pays, que ce soit la nature de leurs tissus économiques, leurs différences de discipline au travail, leurs compétitivités respectives, leurs mentalités même car un pays n'est pas l'autre et que de telles différences sont non seulement dans l'ordre des choses mais même parfaitement saines. Que se passe-t-il alors quand une monnaie, bloquée par un taux de change fixe, ne peut pas se déprécier afin d'être en rapport, en équilibre, avec l'économie du pays qui l'émet ? La réponse est tout simplement que la dépréciation a quand même lieu mais qu'elle prend une forme particulière, celle de la dévaluation interne qui consiste à exercer une pression maximale à la baisse sur les salaires, sous prétexte d'améliorer la compétitivité, ce qui revient à dégrader les conditions de vie de la population : les travailleurs devant fournir un rendement sans cesse croissant, les sans-emplois, en plus de constituer une réserve de main-d'œuvre mobilisable, présentant, malgré eux, une pauvreté sans cesse croissante afin de garantir la docilité des salariés qui ne voudraient pas partager leur triste sort.

 

Les leviers économiques utilisés pour réaliser une dévaluation interne

 

La dévaluation interne, qui a donc prétendument pour but d'ajuster les salaires à la compétitivité, s'obtient en agissant sur de nombreux leviers économiques :

 

• Le saut d'index : cette incroyable mesure, qui se répercutera chaque année à venir, et ce sans limite dans le temps, a déjà été appliquée en Belgique ces toutes dernières années !

 

• L'augmentation de l'âge du départ à la retraite, sous le prétexte fallacieux d'une prétendue impossibilité de financer les retraites : mesure extrêmement efficace pour créer du chômage alors qu'afin de réduire celui-ci il faudrait au contraire partager le temps de travail.

 

• L'augmentation de la durée hebdomadaire du travail : mesure extrêmement efficace pour créer du chômage alors qu'afin de réduire celui-ci il faudrait au contraire partager le temps de travail.

 

• Le non-paiement des heures supplémentaires prestées.

 

• La réduction, voire la suppression, d'un salaire minimum.

 

• La réduction, voire la suppression, de l'assurance maladie et de l'assurance invalidité.

 

• La réduction, voire la suppression, des allocations de chômage.

 

• La déréglementation des contrats et des conditions de travail : licenciements rendus plus aisés pour les employeurs, l'obligation de travailler avec un statut d'indépendant pour exercer un métier de salarié, suppression du CDI, travail à temps partiel, travail en intérim, travail avec des horaires de plus en plus « flexibles », euphémisme signifiant de plus en plus « indéterminés ».

 

• La dérégulation des professions réglementées, celles-ci étant prétendument considérées comme un obstacle inutile à la libre mobilité des professionnels  : cela a déjà sévèrement touché les artisans-taxi, se poursuit avec les juristes et les avocats qui commencent à devoir affronter la concurrence de sites de services juridiques en ligne et vise, à terme, toutes les autres professions réglementées qui se trouvent potentiellement, elles aussi, menacées de subir une telle ubérisation.

 

• D'une façon générale, tout mesure contribuant à précariser le travailleur et à réduire les acquis sociaux.

 

Les GOPÉ : un instrument juridique qui impose, entre autres, la dévaluation interne

 

Concrètement, pour les pays membres de l'Union européenne, la dévaluation interne est planifiée et ordonnée, chaque année par la Commission européenne dans ses recommandations fixant les grandes orientations des politiques économiques : les GOPÉ. Ces recommandations, qui ont force de loi et qui couvrent d'autres paramètres économiques que la dévaluation interne, sont habituellement rendues publiques vers le mois de mai ; cette année 2017, la date prévue pour cette publication est le 17 mai, c'est-à-dire dans quelques jours. Gageons que ce document contiendra, de façon incontournable, des expressions telles que :

 

« Prendre des mesures afin de réformer, en consultation avec les partenaires sociaux et conformément aux pratiques nationales, le système de négociation et d'indexation des salaires, afin d'assurer que la croissance des salaires reflète mieux l'évolution de la productivité du travail et de la compétitivité. »

 

« Restaurer la compétitivité en poursuivant la réforme du système de formation des salaires, y compris de l’indexation des salaires, en concertation avec les partenaires sociaux et dans le respect des pratiques nationa­les, pour assurer que l’évolution des salaires reflète l’évolution de la productivité. »

 

 

De telles phrases peuvent se décliner sous un nombre considérable de formes qui signifieront toutes :

 

« Limiter les salaires afin d'améliorer la compétitivité. »

 

 

Attendons-nous également à des mesures à prendre afin d'augmenter encore l'âge du départ à la retraite et afin de réduire les dépenses publiques comme, par exemple, les soins de santé. Ce qui pourrait être formulé, par exemple, par des phrases comme :

 

« Améliorer l'efficacité des politiques actives du marché du travail par des mesures visant les travailleurs plus âgés et les groupes vulnérables. »

 

« Contenir les dépenses publiques futures liées au vieillissement de la population, en particulier en ce qui concerne les retraites et les soins de longue durée. »

 

 

Et ne soyons pas surpris de voir que des mesures destinées à alléger la fiscalité des grandes entreprises soient également présentes sous des formulations ressemblant à :

 

« Renforcer la participation au marché du travail en réduisant les charges fiscales et sociales élevées qui pèsent sur salaires. »

 

« Améliorer le fonctionnement du marché du travail en réduisant les freins financiers à l'emploi. »

 

 

Sans oublier une petite recommandation à déréguler un peu plus les professions réglementées :

 

« Améliorer la mobilité professionnelle. »

 

 

Vous savez maintenant ce que signifient ces formules spécieuses travesties en obscurs euphémismes : tout en tentant de vous faire croire qu'en travaillant plus, vous gagnerez plus, ces formules exprimées en novlangue orwellienne, signifient en réalité : « Procédez à une dévaluation interne ! », « Sacrifiez à l'autel du sacro-saint libre-échange, pour le plus grand bénéfice de l'infime minorité oligarchique que nous servons, la vie de millions d'individus qui voudraient juste pouvoir vivre tranquillement. ».

 

Nous vous donnons rendez-vous, chers lecteurs, dans quelques jours, pour l'analyse des prochaines recommandations fixant les GOPÉ que la Commission européenne imposera à la Belgique pour la période 2017-2018.

 

 

La dévaluation interne : un instrument politique au service de l'oligarchie financière et industrielle

 

Après de très nombreuses années de dévaluation interne, la balance commerciale de la Belgique ne cesse d'être toujours légèrement déficitaire, ce qui est une preuve manifeste que cette méthode de la dévaluation interne, qui est une conséquence immédiate de l'appartenance de la Belgique à l'Union européenne et à la zone euro, est inefficace à atteindre les objectifs qu'elle prétend remplir. Si ce n'était que cela, ce serait déjà catastrophique mais c'est bien pire encore : il en résulte une douloureuse paupérisation de la population de la Belgique ainsi que de celle de tous les autres pays membres de l'Union européenne et en particulier de ceux qui sont, en plus, membres de la zone euro.

 

La dévaluation interne n'est pas un outil économique : c'est un instrument politique au service de l'oligarchie financière et industrielle qui asservit et pille les pays membres de l'Union européenne. Comment peut-on croire un instant que l'Union européenne pourrait être compétitive avec l'ouverture économique asymétrique dont elle souffre et avec 19 de ses 28, (bientôt 27 quand le Royaume-Uni aura effectivement quitté l'Union européenne, privant celle-ci de plus d'un huitième de sa population) pays enchaînés à une monnaie non seulement bloquée par un taux de change fixe mais en plus bien trop chère pour chacun d'eux (sauf pour l'Allemagne, comme nous le verrons au paragraphe suivant) face, entre autres, à la Chine, ou à l'Inde, dont chacune est à peu près trois fois plus peuplée que l'Union européenne, et qui mettent toutes deux en application, comme le font l'énorme majorité des pays du monde entier, d'efficaces mesures de protectionnisme et qui disposent, de surcroît, d'une main-d'œuvre capable de vivre avec des salaires tellement bas qu'ils en défient toute concurrence ?

 

L'Union européenne est un piège ! Un navire en flammes sur le point de sombrer dans d'insondables abysses ! Il faut en sortir de toute urgence !

 

Le cas particulier de l'Allemagne

 

Le gigantesque excédent commercial de l'Allemagne ne cesse d'augmenter depuis plusieurs années, au point de battre tous les records en la matière ! Ce phénomène exceptionnel témoigne notamment du fait que ce pays bénéficie d'une monnaie sous-évaluée ; or comme celle-ci est soumise à un taux de change fixe, ce déséquilibre ne va faire que s'accentuer ! Ce qui nous permet d'affirmer que l'euro est, en réalité, un Deutsche Mark sous-évalué.

Marie-France Garaud, qui, entre autres, a fondé, en 1982, l'Institut International de Géopolitique qu'elle préside depuis, ne cesse de répéter, depuis de nombreuses années, que l'euro est un Deutsche Mark. C'est ce qu'elle nous explique, par exemple, le 18 décembre 2010 :

 

Marie-France Garaud, le 18 décembre 2010

 

Entre 2'33'' et 2'41'' vous pouvez entendre Marie-France Garaud dire :

 

« Au moment où l'euro a été créé, on abandonnait le Mark mais ça valait bien un petit sacrifice d'avoir la chose sans le nom. »

 

La domination, pour ne pas dire l'impérialisme, économique de l'Allemagne sur l'Union européenne sera, également, l'objet d'un prochain article.

 

Conclusion

 

Ce n'est pas le pays qui doit s'adapter à la monnaie, c'est la monnaie qui doit s'adapter au pays_! La seule façon dont une monnaie puisse s'adapter à un pays est qu'elle lui soit propre, ce qui est en fait le cas presque partout sur la planète puisque la grande majorité des pays du monde disposent de leur propre monnaie. L'euro, tout comme le franc CFA d'ailleurs, sont, à l'échelle planétaire, des anomalies ; tous deux, comme toutes les monnaies plurinationales qui ont existé au cours de l'Histoire, ne sont rien d'autre que des instruments de domination impériale. Cette question sera l'objet d'un prochain article.

 

La Belgique doit recouvrer, sans délai, la possibilité d'avoir sa propre monnaie nationale, ce qui présentera de nombreux avantages, notamment celui de disposer d'une monnaie dont le taux de change est flottant, ce qui signifie disposer d'une monnaie qui s'adapte à la structure économique du pays.

De plus, plutôt que d'attendre passivement et naïvement le séisme financier qui  mettra fin brutalement - et dans la souffrance ! - à l'euro, la Belgique doit sortir de toute urgence de la zone euro, ce qui peut être réalisé juridiquement en sortant de ce carcan qu'est l'Union européenne par la mise en œuvre de l'article 50 du traité sur l'Union européenne. Par ailleurs, un pays membre de la zone euro pourrait tout simplement décider de recommencer à émettre sa monnaie nationale ; cette mesure pouvant être introduite en douceur en se contentant d'émettre une monnaie complémentaire qui n'aurait pas, dans un premier temps du moins, un plein pouvoir libératoire. Sortir de l'euro est donc particulièrement simple : il suffit de le décider.

 

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Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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