NATO in 2017

NATO in 2017, a look back

Vidéo publiée par l'OTAN, le 01er janvier 2018, sur sa chaîne YouTube

 

Tout comme l'année passée, l'OTAN publie un petit film de propagande présentant ses principales réalisations durant l'année précédente.

 

Ce sont toujours les mêmes et éternels clichés cinématographiques du genre qui sont repris : montage rapide, plans partiellement accélérés ou ralentis, contre-plongées, musique dynamique, sourires, embrassades, femmes à la robe rouge, même une partie du plan de l'avion AWACS (Airborne Warning And Control System) qui avait ouvert le film de l'année passée est repris, à 0'58'', dans le film actuel ; quant aux enfants en bas âge, l'OTAN parvient, encore une fois, à en inclure dans sa production.

 

Voilà quant à la forme mais, à propos du fond, qu'en est-il ?

 

NATO's Enhanced Forward Presence

 

Jens Stoltenberg, qui est le secrétaire général de l'OTAN, nous dit, entre 0'04'' et 0'16'' :

"Today, NATO fulfills its promise to deploy four multinational battle groups in Estonia, Lithuania, Poland and in Latvia."

 

Ce qui signifie en français :

 

« Aujourd'hui, l'OTAN tient sa promesse de déployer quatre groupes de combat multinationaux en Estonie, en Lituanie, en Pologne et en Lettonie. »

NATO's Enhanced Forward Presence, ce qui signifie en français « Présence avancée améliorée de l'OTAN », est le nom donné à l'important déploiement militaire réalisé par l'OTAN, dans les trois pays baltes, que sont l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ainsi qu'en Pologne. Ce déploiement va de pair avec le quadruplement du budget de la présence militaire états-unienne en Europe, quadruplement annoncé un an à l'avance et effectué comme prévu. Si c'est cela que l'on entend par « l'OTAN tient sa promesse », il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir.

 

Certains membres de l'OTAN ont choisi de ne pas prendre part à cet important déploiement, comme ils en ont parfaitement le droit, ainsi qu'en atteste cet extrait issu d'un texte publié sur le site internet de l'OTAN :

 

« chaque pays est seul habilité à décider s'il prendra part à une opération dirigée par l'OTAN, suivant les procédures juridiques qui sont les siennes. Aucun membre de l'Alliance ne peut décider du déploiement des forces d'un autre Allié. »

 

La Belgique, quant à elle, en parfait supplétif taillable et corvéable à merci, a fourni des troupes qui ont été envoyées en Lituanie :

 

Les Belges trouvent leurs marques en Lituanie

Vidéo publiée par l'armée belge, le 11 mai 2017, sur sa chaîne YouTube

 

Alors que la Belgique se voit imposer par la Commission européenne une politique économique structurelle d'austérité qui ne fait qu'appauvrir encore plus la population belge, notre pays mobilise un budget appréciable afin de participer à ce déploiement otanien dénommé NATO's Enhanced Forward Presence !

 

Intégration du Monténégro à l'OTAN

 

Jens Stoltenberg poursuit en nous disant, entre 0'23'' et 0'33'' :

 

"We have gathered here today to mark a historic occasion to welcome Montenegro as NATO's newest member."

 

Ce qui signifie en français :

 

« Nous nous sommes rassemblés ici aujourd'hui afin de marquer une occasion historique de souhaiter la bienvenue au Monténégro en tant que plus récent membre de l'OTAN. »

 

 

Après y avoir été officiellement invité, le 02 décembre 2015, le Monténégro s'est exécuté et a rejoint l'OTAN, le 05 juin 2017. La liste des prochaines cibles est connue depuis longtemps : tout d'abord la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie (à ce propos, dans la vidéo NATO in 2017, a look back, à 0'42'', on distingue, à l'avant-plan, un navire des gardes-côtes géorgiens participant à un exercice de l'OTAN en Mer Noire), l'ex-République yougoslave de Macédoine mais également la Suède et la Finlande et, surtout, l'Ukraine. Cela ne saurait étonner nos lecteurs qui savent qu'un empire présente, par définition, une flexibilité des frontières jointe à une tendance à l'expansion potentiellement illimitée, ce qui implique, comme nous l'expose brillamment Pierre-Yves Rougeyron dans son excellente conférence intitulée « Les nouveaux visages de l'impérialisme », qu'un empire a un rapport à l'universel et a vocation, in fine, à l'universalité, ce que les Latins appelaient l'Imperium mundi. Tandis qu'un État a des frontières, un empire a des limes, c'est-à-dire une ligne de front temporaire, une ligne d'arrêt des combats... en attendant de les reprendre.

 

Pierre-Yves Rougeyron, le 03 février 2014

Les nouveaux visages de l'impérialisme

 

Cette brillante conférence doit être mise en parallèle avec le numéro 10 de la revue Perspectives Libres, intitulé « Les nouveaux visages de l'impérialisme ».

À propos d'impérialisme, nous ne saurions trop recommander la lecture de l'édifiant ouvrage Le Visage de l'Impérialisme, rédigé par l'historien et politologue Michael Parenti, et que nous présentons dans notre rubrique Conseils de lecture.

 

Cette question de l'élargissement permanent de l'OTAN sera l'objet d'un prochain article.

 

Resolute Support Mission

 

Jens Stoltenberg poursuit en déclarant, entre 0'39'' et 0'52'' :

 

 

"What happens beyond our borders has an impact on us at home. We remain commited to our mission in Afghanistan and we are adding 3,000 more troops."

 

Ce qui signifie en français :

 

 

« Ce qui se passe au-delà de nos frontières a un impact sur nous, à domicile. Nous restons fidèles à notre mission en Afghanistan et nous ajoutons 3000 hommes de troupe. »

 

 

 

Resolute Support Mission, ce qui signifie en français « Mission de soutien déterminé », est le nom d'une mission de l'OTAN, qui nous explique, sur cette page de son site internet, que le but en est de « poursuivre les activités de formation, de conseil et d’assistance au profit des forces et des institutions de sécurité afghanes. », ce qui, le lecteur en conviendra, est une intéressante formulation.

 Logo de la Resolute Support Mission 

 

En effet, le 07 octobre 2001, les États-Unis d'Amérique, secondés par le Royaume-Uni, ont agressé illégalement l'Afghanistan. Par la suite, seulement par la suite, après les terribles dévastations infligées à ce pays, des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU autorisèrent des missions en Afghanistan. En d'autres termes, les États-Unis d'Amérique détruisent un pays et revendiquent ensuite le droit de le reconstruire !

 

Il est particulièrement intéressant d'observer, sur ce document publié sur le site internet de l'OTAN, que des pays n'appartenant pas à l'OTAN comme, par exemple la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, l'ex-République yougoslave de Macédoine mais également la Suède et la Finlande et, surtout, l'Ukraine participent à la Resolute Support Mission ! Avant même d'être absorbés par l'OTAN, ces pays servent déjà de supplétifs à l'Empire ! Le lecteur qui étudiera la liste de tous les pays participant à cette mission constatera que tous ceux-ci, à l'étonnante exception de la Mongolie, appartiennent au bloc euro-atlantiste ou font partie de ses cibles à acquérir.

Quant à la Belgique, il n'est aucunement nécessaire de préciser qu'elle prend part à la Resolute Support Mission. Vous savez, en effet, qu'en parfait supplétif taillable et corvéable à merci, en bonne petite frappe qu'elle est devenue sur la scène internationale, elle fournit, depuis de nombreuses années, des troupes qui sont envoyées en Afghanistan :

 

Des Belges toujours actifs en Afghanistan

Vidéo publiée par l'armée belge, le 26 octobre 2017, sur sa chaîne YouTube

 

Il est important de savoir que la présence militaire belge ne cesse de croître en Afghanistan ! En effet :

l'OTAN déclare, qu'en date du 07 novembre 2014, 33 militaires belges étaient déployés en Afghanistan ;

toujours d'après l'OTAN, au mois de mai 2017, 62 militaires belges étaient déployés en Afghanistan ;

le site internet de l'armée belge annonçait, dès le 13 décembre 2017 :

« Courant 2018, la Belgique étendra sa participation à la Resolute Support Mission (RSM) de l'OTAN en Afghanistan à quelque nonante militaires. »

 

On ne le dira jamais trop : alors que la Belgique se voit imposer par la Commission européenne une politique économique structurelle d'austérité qui ne fait qu'appauvrir encore plus la population belge, notre pays mobilise de plus en plus de moyens afin de participer aux opérations otaniennes en Afghanistan !

 

Les relations de l'OTAN avec l'Irak

 

Jens Stoltenberg continue sur sa lancée en déclarant, entre 0'53'' et 0'57'' :

 

"In Iraq, we are ramping up our efforts to provide training and assistance."

 

Ce qui signifie en français :

 

« En Irak, nous accélérons nos efforts pour fournir de l'entraînement et de l'assistance. »

 

C'est toujours le même scénario : le 20 mars 2003, les États-Unis d'Amérique, secondés par le Royaume-Uni, ont agressé illégalement l'Irak. Par la suite, seulement par la suite, après les terribles dévastations infligées à ce pays, l'OTAN se présente en sauveur qui voudrait aider les Irakiens à reconstruire leur pays ! Une fois de plus, les États-Unis d'Amérique détruisent un pays et se vantent ensuite de l'aider !

 

Baltic Air Policing

Depuis que les trois pays baltes ont été incorporés à l'OTAN en 2004, est menée l'opération otanienne Baltic Air Policy qui consiste à assurer la surveillance de l'espace aérien de ces trois pays. À ce jour, la Belgique y a effectué sept rotations, chacune d'entre elles durant de nombreux mois. La Belgique a été la toute première à assurer cette mission et vient de terminer sa septième rotation.

Belgian F16s guards the Baltic skies

Vidéo publiée par l'OTAN, le 16 février 2016, sur sa chaîne YouTube

 

Alors que la Belgique se voit imposer par la Commission européenne une politique économique structurelle d'austérité depuis plus de vingt ans, politique d'austérité qui ne fait qu'appauvrir encore plus la population belge, notre pays a dépensé, depuis quatorze ans, et pour le bénéfice du complexe militaro-industriel, un budget permettant d'envoyer, à sept reprises pendant de nombreux mois, des avions de chasse afin de garder un espace aérien qui n'est pas le nôtre contre une menace qui n'existe pas.

OTAN et Russie : qui menace l'autre ?

 

Une bravade pour conclure

 

C'est, sur fond de drapeaux de l'OTAN et de la Vierge de l'Apocalypse, placés côte à côte, illustrant, une fois de plus, que l'article 42 du TUE place la politique étrangère et la politique militaire de l'Union européenne sous la tutelle de l'OTAN, que Jens Stoltenberg se devait de conclure, entre 01'23'' et 1'30'', par ce slogan otanien, par cette bravade :

 

« An attack on one ally would be considered an attack on the whole alliance. »

 

Ce qui signifie en français :

 

« Une attaque contre un allié sera considérée comme une attaque contre l'alliance entière. »

 

Cette bravade, ce slogan, qui est un point essentiel de l'OTAN - il s'agit de son article 5¹ - exprime en fait à quel point l'OTAN est une construction périlleuse car son dangereux principe d'alliances automatiques est générateur de conflits de très grande ampleur.

 

 

¹Il est remarquable que l'alinéa 7 de l'article 42 du traité sur l'Union européenne est littéralement calqué sur l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord (TAN), qui est également appelé le Traité de Washington, comme le rappelle le site internet de l'OTAN.

 

Conclusion

 

Se libérer de l'emprise de l'OTAN est une urgente nécessité pour la Belgique ! Au lieu de se livrer, en tant que misérable supplétif aux ordres des États-Unis d'Amérique, à des opérations militaires - dont nombre d'entre elles sont illégales comme en Yougoslavie, en Libye ou en Syrie -  dans des pays qui ne lui ont rien fait, ce qui ne peut que nuire à son image et lui attirer l'ire de peuples étrangers, la Belgique ferait bien mieux de retrouver la place qui est la sienne sur la scène internationale, une place digne, honnête, qui sert ses propres intérêts : cette place, c'est la neutralité.

 

Cela peut se faire très simplement, par la mise en œuvre de l'article 13 du Traité de l'Atlantique Nord. Bien sûr, cela nécessite, au préalable, de recouvrer la capacité démocratique de le faire, ce qui implique d'avoir quitté ce carcan qu'est l'Union européenne par la mise en œuvre de l'article 50 du traité sur l'Union européenne.

 

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Mike Werbrouck

Président fondateur du MIB

 

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